paroletsilencefheyoan

paroletsilencefheyoan

Les 5 états de base - 2. La joie

La joie.jpg
Joie... Parmi les émotions, celle qui semble la plus évidente pour tous, enfin sauf quand on est dans une période noire !...
 
 
En café-philo, la dernière fois, les élèves de collège qui participent volontairement à cet atelier ont réfléchi sur la question : " la joie, est-ce que ça s'apprend ?"...
Pour eux, c'est une évidence : non. Quand on est joyeux, c'est forcément spontané, à moins qu'on cherche délibérément à dissimuler une autre émotion. L'un d'entre eux donne l'exemple d'un cadeau qu'on reçoit, et qui déçoit totalement... Comme ils ont bien intégré que c'est l'intention qui compte, ils ne veulent pas faire de peine et dissimulent leur vrai sentiment en simulant la joie de recevoir, pour faire plaisir..., sans culpabiliser une seule seconde...
 
 
Joie, évidence sauf dans une période noire... Alors, joie signifie période colorée ? De quelle couleur est la joie pour vous ? Peut-être serait-ce l'arc-en-ciel qui représenterait le mieux ce sentiment ? Une palette de couleurs douces, lumineuses, toutes présentes sans exception, surprenantes aussi... On est toujours surpris par l'apparition d'un arc-en-ciel, comme la joie nous prend au dépourvu ?...  Toutes les nuances, mais... fugaces !... Ou qui s'effacent irrémédiablement... Tous comptes faits, l'arc-en-ciel peut-il se concevoir sans faire référence à la pluie ?... Une trace de mélancolie dans la joie ? Aragon disait : Qui parle de bonheur a toujours les yeux tristes... Ce vers m'a longuement fait réfléchir, dans mes jeunes années. Il faut se méfier du mot toujours, je le conçois ici comme une sorte de provocation douce, grise, au goût amer, comme si le poète en voulait à la fatalité qui lui gâchait tous ses instants de bonheur, et qui les gâcherait pour toutes les personnes de son entourage... Et bien entendu, les yeux tristes laissent à penser que le bonheur auquel on fait allusion aujourd'hui appartient à un passé révolu. Cependant, bonheur et joie, est-ce identique ?... Et le bonheur n'est-il réel que lorsqu'on pense à une période révolue de notre vie ? Serions-nous incapable de percevoir le bonheur présent ?... Toutes les philosophies humanistes et spiritualités bienveillantes enseignent le contraire... Elles nous apprennent à cultiver le bonheur, les petits bonheurs, au fil de notre vie, et à les savourer ici et maintenant. Si la joie est spontanée, le bonheur semble s'apprendre, lui... D'ailleurs, Paul Fort ne renierait pas cet apprentissage :
Le bonheur est dans le pré, cours-y vite ! Cours-y vite !
Le bonheur est dans le pré, cours-y vite ! Il va filer !...
( il termine par : Il a filé !...)
Ces quelques vers sous-entendent-ils qu'on n'identifie pas le bonheur si une personne extérieure ne nous le montre pas ? Qu'on le laisse passer si on n'agit pas pour le retenir ? Peut-être aussi la notion de mouvement physique est-elle nécessaire : le plaisir de la course, la liberté de bouger pourraient signifier qu'on ne peut être heureux si notre corps ne l'est pas, n'est pas libre de ses mouvements, de ses actes, de sa spontanéité ?...
 
 
Peut-on être joyeux lorsqu'on n'est pas heureux ?... Peut-on être heureux et triste à la fois ? Je pense que les deux réponses à ces questions sont positives. Même si l'on ne se sent pas heureux pendant une période de notre vie, on rencontre parfois des éclats de rire, des sourires contagieux... Il se peut qu'on y soit hostile, si notre tristesse nous enferme dans un monde étranger à l'autre, aux autres, mais on peut aussi y être perméable, si l'on garde une petite porte ouverte dans notre coeur aux petits et grands cadeaux de la vie... De même, on peut se sentir dans une période ou dans un épisode heureux de notre vie, globalement, et intégrer des moments de tristesse qui n'altèrent en rien ce sentiment profond... Ce sentiment de bonheur profond nous aide très certainement à gérer les événements difficiles ou les émotions négatives... et incite sans doute notre entourage à s'en relever aussi, par rayonnement lumineux...
Peut-être le bonheur est-il fait d'une accumulation de moments de joie spontanée ?

 
La joie... Quand est-ce que j'éprouve de la joie pure et spontanée ? Pure ? Sans mélange, donc... D'où l'inadéquation de l'image de l'arc-en-ciel... Que des couleurs franches, alors. Des couleurs bien pétantes. Après tout, un éclat de rire, un sourire lumineux ( encore !...) brillent tels une couleur primaire dans toute son intensité...
 
 
Dans quelles circonstances est-ce que j'éprouve de la joie ?
Par exemple, à l'annonce d'une bonne nouvelle, pour mes proches, mes amis, le monde, ou pour moi... Dans ce cas, il se peut que je sois seule lorsque j'apprends la nouvelle, et mon sourire peut s'épanouir sur mon visage ou seulement dans mon coeur, puisqu'il est inutile de le montrer à quelqu'un d'autre... Cependant, je vais peut-être répondre par mail à la personne porteuse de bonne nouvelle, ou au téléphone, et mon écriture sera imprégnée de joie, tout comme ma voix et celle de mon interlocuteur au téléphone. Point besoin de voir quelqu'un pour savoir qu'il est joyeux, il suffit d'entendre sa voix... Une voix sait sourire... ou pas !
 
 
Je me sens joyeuse, profondément joyeuse, lorsque mon corps participe à ma joie, par ses mouvements libres et amusants... Comme lorsque je joue avec ma batucada, ou que je participe à  mon atelier-théâtre d'improvisation, ou que je pars en promenade avec mon chien et en bonne compagnie... Bien entendu, la compagnie autour de moi va influencer mes émotions... Cependant, il se peut que je ne m'entende pas spécialement avec certaines personnes, lors de ces activités, sans que cela gâche mon plaisir et ma joie... Dans ces cas-là, je filtre et je n'absorbe que les ondes qui me rendent joyeuses et me permettent de savourer ces moments, d'un bout à l'autre... La joie peut donc durer plus longtemps qu'un instant... Elle n'est pas si fugace que l'arc-en-ciel, et je peux la réactiver lorsque je pense à ces moments plaisants, ou que je les évoque pour quelqu'un d'autre.
Joie et plaisir ? Joie ou plaisir ? Pour moi, ces deux émotions peuvent être séparées... Je peux éprouver du plaisir, et me sentir joyeuse seulement a posteriori, d'avoir éprouvé ce plaisir... La joie est alors une façon de me remémorer ces instants et d'en prolonger la saveur.


03/10/13
L'illustration dans quelques temps... Promis !




03/10/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres